lundi, juin 20, 2005

Résurgences - La tyrannie de la réalité

J'étais plongé dans La tyrannie de la réalité[1] quand m'est arrivé un message de quelqu'un que j'avais perdu de vue depuis trente ans. Grande école, cadre, famille nombreuse, des principes : tout pour être heureux, comme grognent les porcs. Ça donne ceci : « Je sais que je fais semblant. Je le sais en permanence, je ne l'oublie pas une minute. Mais quelle fatigue, quel poids, de vivre en permanence dans la schizophrénie. Et quelle honte. Et quel gâchis. Et quel temps perdu... Je me replie, comme tant d'autres, sur ma famille, petite sphère égoïste, pré carré, château fort, d'où on lutte pied à pied pour tâcher de sauver l'essentiel. Mon épouse (...) continue à y croire, à aller vers les autres, à s'ouvrir au monde. Pour moi, je me transforme de plus en plus en ours, en grognon, en Alceste. (...) Une épouvantable désolation m'envahit devant ce que devient notre monde. Mon seul espoir réside dans l'attente de l'Apocalypse : nous allons vivre, au cours des cent prochaines années, une catastrophe climatique de grande ampleur et, parallèlement, la fin des sources d'énergie fossile. Même si quelques guerres ne s'y rajoutent pas, des hommes vont disparaître, beaucoup. Bach, Shakespeare, et quelques autres, continueront-ils à tenir compagnie aux survivants ? (...) Tout cela est un peu lointain et pas très folichon. À court terme, deux questions m'obsèdent. La première a trait aux enfants. (...) Que leur dire ? En choisissant une famille nombreuse, mon épouse et moi pensions, notamment, contribuer à la construction d'un monde meilleur. Aujourd'hui, nos enfants voient bien que je n'y crois plus. Je ne peux que leur transmettre ma conviction que nous nous enfonçons toujours plus avant dans le totalitarisme, l'américanisation de notre mode de vie et de nos consciences, l'« économisme », la veulerie, la fascination de la consommation et de l'avoir, la recherche du confort matériel, la peur, l'obsession du sexe, etc. Nous réussissons tant bien que mal à leur éviter de tomber dans le piège des objets, du prêt à penser, du déshonneur... même si c'est parfois dur, pour eux, d'être « décalés ». Mais si j'arrive à leur dire contre quoi lutter, je ne trouve plus à leur dire pour quoi... Ma seconde question : comment entrer en résistance ? »

Jean Sur - Résurgences

[1] Mona Chollet, La tyrannie de la réalité, Paris, Calmann-Lévy, 2004



Commentaires :
L'obsession du sexe ? Bah, il a qu'à baiser un coup et ça ira mieux. Envoie lui ce conseil Adam, il t'en remerciera.
 
je suis sidéré par la facilité avec laquelle on jette l'oppobre sur les américains. Certes ils n'ont pas la diplomatie la plus courtoise du monde et les politiciens les moins verreux mais en aucun cela refléte l'état du peuple américain et encore moins le modèle de société américain que nous français sommes les premiers à critiquer (sur l'économie où on est moins bons) et admirer (melting pote et ouverture pour l'immigraton).
Pour avoir habiter aux US, la réalité du terrain est tout autre que celle qui est véhiculé par les médias ou que nos bons politiciens utilisent pour nous faire peur (d'ailleurs en terme de résultat, je en sais pas lequel est le meilleur, entre un système en quasoi plein-emploi et un avec 10% de chomeurs).
En somme, on est la victime de notre propre critique. On ne veut pas que les populations minoritaires soient mis dans un meme sac et que les religions ne soient pas brandits à chaque attentat mais on est premier à sauter sur l'américanisme et le consumérisme et j'ai vu ici l'économisme.
Un peu de sérieux, prenons nous en charge, réveillons nous et mettons nous au travail sur des bases saines avec une égalité des chances pour toutes et tous et cessons de casser sur les pauvres ricains.
 
Mais oui, mais oui. Les américains sont beaux et gentils on le sait tous bien.

Néanmoins, je remarque que vous parlez de diplomatie, or je n'ai pas parlé de ça, mais bien plutôt du mode de vie.

On le sait très bien : le mode de vie américain est l'un des plus polluant de la planète. Si tout le monde devait vivre comme eux, on aurait besoin de trois ou quatre planètes (d'où certainement leur obsession d'aller sur la Lune ou Mars).

Mais comment en vouloir à un peuple qui a batti son identité sur la notion de frontière à conquérir et d'indigènes à exterminer ?
 
Vous avez tous raisons : les préjugés ont la peau dure.
 
J'ai discuté avec une américaine cet été, et j'ai bien vu que le brave peuple américain est complètement ignorant de la situation du monde. Ils ne comprennent pas pourquoi on leur en veut autant, et ils pensent le plus sincèrement et le plus innocemment du monde être dans leur bon droit.
 
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