mercredi, mars 02, 2005

Pas de femmes musulmanes pour la Journée Des Femmes 2005 !

L'association Al Houda tient à exprimer son indignation et sa colère devant le rejet et le mépris dont ont fait preuve à son égard les élus de la ville et la majorité des associations participant à l'organisation de la journée internationale des femmes de Rennes. L'an dernier les élus avaient exprimé leur refus de voir l'association Al Houda participer au « Village des associations » qui organise la journée internationale des femmes à Rennes. Les raisons invoquées furent les doutes émis sur « les réelles convictions féministes » de l'association. Cette année une rencontre fut organisée avec les associations organisatrices du 8 mars 2005, le 13 décembre 2004 pour « présenter l'association et la faire mieux connaître aux intéressées ». L'objet même de cette réunion relève d'un traitement inégalitaire et injuste de l'association des femmes musulmanes de Rennes. En quoi une association présente sur le terrain associatif rennais depuis maintenant 10 ans devrait passer par une réunion de présentation pour se faire « mieux connaître » des autres associations, et obtenir leurs avis, car il n'était même pas question d'aval, sur sa participation à la journée internationale des femmes ? Cette réunion prit la forme d'un véritable tribunal : de la demande de justification sur « les valeurs que nous défendons » aux propos répondants à des stéréotypes et des préjugés racistes et coloniaux du type « dans vos pays », ou encore « prouvez-nous que... », la réponse fut claire et sans appel : Pas de femmes musulmanes à l'occasion de la journée internationale des femmes 2005. Rappelons ici aux promotrices et promoteurs d'un féminisme internationaliste que le 8 mars n'est pas la journée internationale de la femme « blanche », « occidentale » ou « occidentalisée ». Que cette journée appartient à toutes les femmes, quelles que soient les modalités et les formes d'émancipation qu'elles choisissent. Cette journée ne doit pas être l'occasion de l'affirmation d'un modèle unique, ni le monopole des dominantes et dominants. Or, en refusant la participation d'une association de femmes musulmanes, le 8 mars à Rennes tend à être la journée de LA femme et non celles DES femmes. Les arguments et les doutes émis par les différents acteurs en présence concernant « les principes que nous défendons », sont bel et bien le reflet d'un racisme latent, héritage honteux du passé colonial français, à l'égard des personnes issues, non pas de l'immigration mais bien de la colonisation ou devrions-nous dire des « Français Musulmans ». L'opposition mainte et mainte fois invoquées entre notre présence et le principe de laïcité, relève de l'instrumentalisation d'un principe qui promeut la liberté de conscience en un moyen d'exclusion et de stigmatisation. Cette opposition n'est que la reformulation d'une opposition présente dans l'imaginaire collectif entre les personnes issues de la colonisation représentées ici par « les musulmans » et les principes et valeurs d'égalité affirmés par la « Civilisation ». La participation de l'association des femmes catholiques à ce « Village des associations » révèle d'autant plus le caractère discriminatoire et exclusif de ce traitement. Les propos tenus lors de la réunion du 13 décembre en sont l'illustration : « Est-ce que vous défendez les mêmes valeurs dans vos pays ? » Il est aisé de comprendre la complaisance et le consentement général, lors de cette réunion, aux propos et réflexions émises dans l'état d'esprit d'une association telle que Ni Putes Ni soumises, à savoir « que l'on ne peut pas militer avec l'idée d'un Dieu » ou, que « lorsque l'on porte le voile, on fait appeler celles qui ne le portent pas « prostituées » ». Cette association totalement absente sur le terrain rennais ou n'ayant mené que des actions médiatiques aux côtés de SOS racisme, réinterprète le principe de laïcité en le faisant basculer d'un principe de liberté à un vecteur de pensée unique et uniforme. De même que la culpabilisation des femmes voilées sur le sexisme qui sévirait en « banlieues », et l'étendue de l'approbation et l'encouragement qu'elle suscite n'est que le révélateur de l'orientation d'un certain type de féminisme, qui préfère opter pour une grille de lecture ethnique, plutôt que politique et oh combien sociale. « Nous avons un devoir de fidélité avec les femmes qui luttent contre le voile en Algérie et en Iran. », « Comprenez-vous que l'on puisse se sentir agressés ? »... Au nom donc des principes d'égalité et de solidarité féminine, on rejette une certaine catégorie de femmes, parce que n'ayant pas choisi le modèle dominant, n'affirmant pas avoir été émancipées et libérées par les Lumières et la République, elle se range du côté de leurs frères nécessairement intégristes, machistes, sexistes et s'auto-aliènent en acceptant leur propre soumission. Il est révoltant de constater l'instrumentalisation du féminisme, des valeurs de liberté et d'égalité, du principe de laïcité garant de la liberté de conscience, comme des moyens d'exclure et de stigmatiser des femmes et tout une catégorie de la population. Il est temps de faire taire ce féminisme et ce républicanisme chauvin aux relents colonialistes et xénophobes. Nous affirmons que l'émancipation n'est que le fruit d'un combat, d'une lutte autonome et consciente. C'est pourquoi nous exerçons un référé-liberté auprès du président du tribunal administratif de Rennes, lui demandant de suspendre l'acte de la commune portant une atteinte grave et manifestement illégale à l'exercice d'une liberté fondamentale à savoir en l'espèce, le droit d'expression et de participer à cette manifestation associative. Nous appelons toutes et tous à nous rejoindre le samedi 5 mars 2005 à partir de 15H place de la mairie, pour célébrer en marge de la campagne officielle, la journée internationale DE TOUTES les femmes. Association Al Houda


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