jeudi, février 26, 2004
Libération : Étrangers d'origine française:
"Elles sont cadres dans l'industrie ou juristes, ils sont ingénieurs ou avocats, et musulmans pratiquants. Avec le débat sur la laïcité, ils se sentent stigmatisés, menacés et de nouveau «Arabes». Témoignages."
«Ce tapage a remué un tas de choses chez nous, on a discuté, on est revenu vers notre passé, à nos racines. Même mon père, qui est très franco-français, va se mettre à faire la prière, poussé par ma mère. Il a acheté une parabole et il met la télé du Koweït.»
«Certains se demandent si la religion musulmane est compatible avec la République. Pour moi, cette interrogation relève du même procès fait aux juifs français au début du XXe siècle»
«A gauche, j'entends dire qu'un immigré est venu de son plein gré et qu'il doit s'adapter aux valeurs du pays d'accueil. C'étaient les mots des fachos», s'indigne-t-il, dénonçant la «lepénisation des esprits».
«Les filles voilées et mariées contre leur gré, les braves travailleurs qui faisaient la prière dans des caves pourries, ça n'a jamais mobilisé les politiques. Qu'est-ce qui mérite tant de passion de la part d'une France qui ne parlait que d'insécurité il y a deux ans ? Ce ne seraient pas les Arabes, par hasard ?»
«Contrairement à nos parents qui ont été brimés, les filles qui s'autorisent à mettre le foulard ont pris cette liberté car elles n'ont plus peur de la société française. Ces filles, je les admire, ce sont des féministes, des combattantes, elles ne dépendent ni de leur mari, ni de leur père.»
«Il y a d'un côté les femmes qui se voilent par choix, de l'autre les femmes voilées par leurs maris, frère ou père. La loi va aggraver la situation pour celles-ci, elle va conforter le fondamentalisme dans ces foyers où les valeurs de la République ne sont pas respectées, encourager ces religieux qui exercent le pouvoir sur la partie la plus exclue, la plus fragilisée de notre communauté.»
