mercredi, janvier 21, 2004
Vous écrivez dans le numéro du Nouvel Observateur du 27 décembre
au 4 janvier la phrase suivante :
Un autre de nos lecteurs nous cite ainsi un passage de l'épître aux
Corinthiens, de saint Paul, qui pourrait sembler extrait du Coran ou des
hadith («Car l'homme ne vient pas de la femme mais la femme vient de
l'homme; et ce n'est pas l'homme qui a été créé pour la femme, mais la
femme pour l'homme. Voilà pourquoi la femme doit porter sur la tête le
signe de sa soumission»).
Si vous connaissiez un peu plus d'islam que ce que vous voulez
bien voir, vous sauriez que cette vision du voile est précisément
la vision chrétienne, et tout le discours médiatique actuel
en France ne pense le voile que comme symbole de soumission
de la femme à l'homme. Or les musulmanes n'ont pas du tout
cette référence. Elles ne citent aucunement saint Paul et
pour elles, le voile recouvre une tout autre signification.
C'est pour elle un symbole de liberté : c'est le symbole
de leur indépendance face aux hommes, tout comme le bonnet
phrygien (symble de la République) était porté par les
femmes libres, en opposition aux femmes esclaves, qui
portaient têtes nues.
Donc en croyant mettre en avant des valeurs universelles,
nos français républicains ne font que prendre pour
référence (certes pour s'y opposer) à la religion
chrétienne. Ils peinent à comprendre qu'il existe dans
le monde, et donc en France d'autres manières de penser, et ce
qu'ils pensent être universel ne l'est pas.
Et c'est bien au contraire l'idéal de liberté qui est
aujourd'hui bafoué, ainsi que l'égalité de traitement
(on n'excluera que des musulmanes) sans compter la fraternité
qui ne semble joueur que dans un seul sens.
Je dois avouer que depuis six mois, je suis déçu de
la France, qui a renoncé à un projet ambitieux pour
se rabattre sur des querelles purement ethniques.
J'oubliais que Jean-Marie Le Pen se porte au mieux
et qu'il convient de jouer sur son terrain.